« Voici venu le temps du Carême : temps de conversion, 40 jours de pénitence »
A ce mot, écrit un pieux auteur : « beaucoup sont saisis d’une coupable frayeur ». Cette frayeur, expression de notre humaine faiblesse, est aussi l’œuvre du démon toujours actif pour semer le trouble dans l’âme la mieux disposée.
Eh bien, laissons frère l’âne renâcler à la besogne et, plutôt que d’écouter l’adversaire, ouvrons nos cœurs à l’appel de notre Mère, la Sainte Eglise qui convoque ses enfants à la pénitence. Son appel est, du reste, l’écho très fidèle de la Croix du Seigneur qui, en Saint Marc, ouvre le temps du salut par ces paroles : « Le Royaume de Dieu est proche : faites pénitence et croyez en l’Evangile » (Mc 1, 15).
Ainsi le temps du Carême est un moment privilégié pour l’édification du Royaume de Dieu en nos âmes. C’est un temps de grâce pour toute l’Eglise, mais dans la mesure même où chacun de ses membres fait vraiment pénitence. Aussi, devant l’effort à fournir, chacun, pour y trouver du courage, peut reprendre à son compte les paroles de l’Apôtre : « j’achève en ma chair ce qui manque à la Passion du Christ pour son Corps qui est l’Eglise » (Col 1, 24).
Heureusement, nous ne sommes pas seuls sur ce chemin étroit et rocailleux où l’âme, pour l’amour de Dieu, souffre et peine. L’Eglise, en effet, dimanche après dimanche nous montre combien le Seigneur seconde nos efforts, nous soutient dans nos luttes et éclaire de sa lumière notre âme souvent défaillante.
Dès le premier dimanche de Carême elle nous montre le Christ qui triomphe de Satan : Il est l’homme nouveau, en lui nous pouvons tout, la victoire est donc certaine. Eh bien, imitons-le. Et soutenus de sa grâce, comme lui saisissons-nous de la parole de Dieu. Par ce glaive, nous aussi nous pourfendrons notre Adversaire.
Le dimanche suivant, l’Eglise nous conduit sur la montagne de la Transfiguration pour y entendre la voix du Père qui nous intime d’écouter son Fils bien-aimé. Mais écouter cette voix c’est cesser d’endurcir notre cœur, c’est l’ouvrir à l’action du Sauveur. En un mot, c’est se convertir et se convertir doit être le fruit de ces 40 jours de pénitence.
Au moyen de l’évangile du troisième dimanche de Carême l’Eglise veut prévenir toute forme de découragement chez celui qui lutte avec persévérance contre ses passions et ses péchés. C’est pourquoi elle nous montre en Jésus l’homme fort qui garde sa maison (entendez chacun des membres de son Eglise) et qui par le doigt de Dieu chasse le démon. Ainsi, pas de découragement ! Certes nous sommes faibles ; mais Lui est l’homme fort, toujours capable de nous relever. Tout un chacun sait ce qu’il doit en ce domaine du sacrement de pénitence. Pendant ce carême recourons souvent à ce sacrement.
Au 4e dimanche de Carême l’Eglise soucieuse de soutenir notre combat spirituel veut que nos regards s’arrêtent sur le Christ qui multiplie les pains et nourrit une foule immense. Ce miracle annonce le grand sacrement de l’Eucharistie où le Christ nourrit de sa vie ses fidèles qui peinent sur les chemins du Ciel.
Si nous voulons que notre carême soit fructueux nous devons régulièrement nous nourrir du Pain de Vie sans quoi le chemin serait trop long pour nous.
Faisons de ces quatre évangiles comme autant de rencontres personnelles avec le Sauveur. Laissons-nous façonner par le Christ Jésus. Ouvrons-nous à la grâce particulière contenue en chacun d’entre eux. Alors, il nous sera possible et même aisé de nous adonner aux trois œuvres principales du Carême : le jeûne, la prière et l’aumône. Le jeûne pour payer le prix de nos péchés, la prière pour apprendre à devenir fils dans le Fils Bien-Aimé, l’aumône où donnant généreusement de notre bien pour soutenir telle ou telle œuvre de l’Eglise, nous apprendrons à nous détacher et à nous libérer de la tyrannie des biens de ce monde.
« Faites pénitence : le Royaume de Dieu est tout proche »
M. l’abbé Dominique Pillet