« Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître », par M. l’abbé Christophe Héry

Notre bon abbé Aulagnier a été enlevé d’un coup comme un chêne, qui n’a jamais ployé dans les tornades. Sa stature de prêtre laisse humainement un grand vide, mais spirituellement un formidable exemple de foi apostolique, conquérant des âmes pour l’amour du Christ, durant cinquante ans.

Une foi au Christ ressuscité, en son Église et sa tradition, enthousiaste, athlétique, qu’elle soit doctrinale, liturgique ou pastorale ; Une foi zélée, d’un homme de prière régulière et d’action intrépide, enhardi par la charité ; Une foi bienveillante, heureuse, forte et de grand mérite.

Bras droit de Mgr Lefebvre, sans qui la messe grégorienne eût disparu dans les années 1970, lors de la réforme de Paul VI, M. l’abbé Paul Aulagnier fut le défenseur audacieux de la liturgie romaine traditionnelle et de la doctrine des conciles romains sur la foi, face aux réformes qui ont suivi le concile pastoral Vatican II.

Convaincu du rayonnement apostolique du rite grégorien, alors mis en péril, il en fut le promoteur avisé pour la France durant deux décennies, au sein de la FSSPX. Son ouvrage « La Tradition sans peur » résume ses convictions, ses déchirements aussi face aux difficultés au sein de l’Église.

Viscéralement attaché à Rome malgré les désaccords, en 2006, il compte parmi les cinq fondateurs de l’Institut du Bon Pasteur, avec M. l’abbé Laguérie. Il déploie alors sans relâche son zèle pastoral, au séminaire St Vincent de Paul qu’il fonde à Courtalain, pour former les futurs prêtres dans le charisme de sûreté doctrinale, de bonté et de douceur du Bon Pasteur, puis à la paroisse de Rolleboise en Yvelines.

Pour deux mandats consécutifs, il est élu assistant général de l’Institut, avec M l’abbé Vella, sous le mandat de M. l’abbé Laguérie en 2013, puis de M. l’abbé Barrero depuis 2019.

A 75 ans, âge obligé de la retraite des prêtres, il quitte à regret la paroisse de Rolleboise. Il lance une nouvelle œuvre au sein de l’IBP. Il acquiert et restaure le couvent St Paul à Thiviers (Dordogne).

Il destine cette maison à l’accueil et au repos des prêtres comme des familles, et à la prédication de retraites spirituelles chaque mois. Il héberge tous les visiteurs sans distinction, avec une bienveillance de père, une jovialité et une bonté devenue légendaire. La simplicité est sa marque pastorale.

Il venait de publier un livre bilan pour le 50e anniversaire de la nouvelle messe. Ce livre est sorti des presses quelques jours avant son rappel à Dieu.

Anecdote : à l’heure de partir en urgence à l’hôpital, il pensait prêcher la retraite qu’il avait prévue. C’était son heure et nous prions notre si bonne Mère de l’accueillir pour le repos éternel. Prêtre pour l’éternité, nous le remettons à la Miséricorde du Père, afin qu’il puisse offrir et chanter sa louange avec le chœur des confesseurs.

Sa foi, son zèle ardent, sa bonté pastorale et sa fidélité nous ont été précieuses.

Son assistance là-haut le sera plus encore à notre Institut.

Abbé Christophe Héry

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